Atlas biopolitique de la Venoge
L'Atlas biopolitique de la Venoge aspire à rendre visible la rivière comme Sujet, et sa transformation sous l'effet de rationalités. Il vise à traduire la notion de biopouvoir de Michel Foucault dans une approche spatialisante. L'Atlas présente le territoire comme un processus dynamique, prenant en considération les fluctuations naturelles ainsi que les aspects socio-culturels et économiques. Il conduit à s'interroger sur des réponses positives, adaptatives, de négociation liées à la sécurisation d’un lieu.
Contexte
Enoncé théorique sous la direction de Paola Viganò,
Assistante Marine Villaret
Master d'Architecture EPFL
Lieu
La Venoge, Canton de Vaud, Suisse
Année
2020-2021
Cossonay-Penthalaz
Depuis les temps les plus anciens, la Venoge permettait d’actionner deux moulins travaillant depuis le Moyen Âge, l’un de l’Islettaz, remplacé en 1898 par les Câbleries et Tréfileries de Cossonay et l’autre appelé «le Grand Moulin».
Eclépens-Mormont
L’entreprise de cimenterie exploite de grandes carrières de calcaire en haute Venoge. Son exploitation entre bassins versants du Rhône et du Rhin laisse place à de nombreuses problématiques liées aux friches et carrières.
Morphologie du parcours
La morphologie de la rivière présentait de nombreuses variations, de courbes et toute une série de boucles. Aujourd’hui, ce qui est frappant dans son parcours au nord, c’est son tracé modifié et rectiligne.
Vers une spatialisation de la biopolitique
En nous fondant sur l’apport philosophique spatialisant de Michel Foucault, notre essai invite à analyser les conditions urbaines de la Venoge, sa représentation en tant que Sujet et de comprendre ces rapports de ‘frontières’ entre vivant et pouvoir, qui agissent comme un exemple de la réalité urbaine contemporaine. Nous parlerons de la territorialisation biopolitique de notre étude de cas et proposons d’aborder l’étude urbaine par la possibilité de la visualiser au travers de nombreuses forces agissant sur le territoire, au-delà même des structures physiques, c’est-à-dire, d’une lecture biopolitique des frictions entre le vivant et le pouvoir, sa capacité à assujettir le vivant et le discipliner au travers de la cartographie.
Cette approche tente seulement d’ouvrir notre imaginaire et nos capacités d’interprétation du territoire en parcourant l'histoire d'un mécanisme souverain appliqué à une matérialité spatiale par l'étude du territoire de la Venoge.
Les dangers liés aux crues et pollution déterminés par l'Homme donnent lieu à une sécurisation des alentours de la Venoge, pour rendre son usage facilité.
Personnifications rationnelles imposées au travers des usines, moulins, industries ou secteur tertiaire.
Revelés de tracés cartographiques : méandres historiques de la Venoge, comme un amas de rubans de soie drapés, une danse.
Les dangers liés aux crues et pollution déterminés par l'Homme donnent lieu à une sécurisation des alentours de la Venoge, pour rendre son usage facilité.
Nous ne pouvons envisager un projet de transition écologique sans mettre le vivant au coeur de la réflexion projectuelle urbanistique, dans une stratégie d’articulation entre un lieu de vie et un lieu de production. De nos jours, l’équilibre et la coexistence sont des enjeux qui se heurtent au rapport au contexte sociétal, au blocage des autorités, de la politique, ce qui implique de mettre en lumière le parallèle entre la lutte pour la survie de l’espèce humaine dans un scénario de catastrophe écologique et d’un point de vue technologique. L’objectif de cette recherche est de traduire la notion de biopolitique de Michel Foucault, dans le champ urbanistique à travers l’étude du cas de la rivière de la Venoge dans l’agglomération Lausanne-Morges.
L’hypothèse étant, qu’à partir de l’observation des biopouvoirs qui s’exercent sur l’espace de cette rivière, il sera dès lors possible de trouver des pistes de projet de cet espace, renouvelant par ailleurs le regard des architectes-urbanistes. Un projet qui va au-delà des frictions entre volonté politique et action de terrain pour tendre vers une conciliation entre les différentes formes du vivant, dont l’Homme et la rivière. Créer un Atlas biopolitique de la Venoge aspire à rendre visible la rivière comme Sujet, comme entité vivante à part entière, et sa transformation sous l’effet des rationalités imposées par des pouvoirs qui se sont succédés, voire accumulés dans le temps.
Normalité
disciplinaire
Vues aériennes du site industriel d'Holcim, Venoge haute, 1980, 2002 et 2019.
Normaliser la discipline, par rapport à la rivière entraîne l’émergence d’un type de supervision, une spécification institutionnelle, mise en lumière des différences de critères morphologique, pour le vivant, en se faisant diviser, disséquer afin de faire progresser les connaissances. Catégoriser un groupe permet d’en fragmenter le pouvoir. Quel est alors le but du processus de la normalité disciplinaire ? Vers quoi veut-on arriver, quelle est cette normalisation du vivant ?
L’objectif d’une nouvelle normalité n’est pas réellement atteignable, ce qui est important dans la définition de la rivière qu’on lui donne, ce sont les définitions mécaniques qu’on lui accorde.
1980
2002
2019
Radical
Venobia
La potentialité de notre approche cartographique permet de se concentrer sur une expression de la narration du territoire, de sa complexité paysagère au sein d’une épaisse cartographie dense et descriptive, mais aussi de la notion de temps. Révéler la signification idéologique du paysage, vise à retracer la relation entre l’exercice du pouvoir assujettissant et la représentation du vivant en tant que Sujet.
Contexte
Projet de Master sous la direction de Paola Viganò,
Assistante Marine Villaret
Master d'Architecture EPFL
Lieu
La Venoge, Canton de Vaud, Suisse
Année
2021
Anciennes câbleries
Il ne reste plus qu’à attendre les prochaines grandes crues pour vérifier que les hypothèses de débits retenues étaient bien réelles, et convaincre ainsi les derniers récalcitrants que même si l’eau n’est jamais montée aussi haut, elle pourrait bien un jour le faire.
Venoge centre
Mais cette fois, ce devrait être sans dégâts pour les biens et les personnes établis à proximité de la rivière.
Gare de Cossonay-Penthalaz
La morphologie de la rivière présentait de nombreuses variations, de courbes et toute une série de boucles. Aujourd’hui, ce qui est frappant dans son parcours au nord, c’est son tracé modifié et rectiligne.
Négociations
Pendant des décennies, les Hommes se sont protégés des inondations en érigeant des murs, voire tout simplement en mettant les cours d’eau sous tuyau. Ce principe a été systématisé dans les traversées de villes et de villages, permettant également au passage de gagner des terrains à haute valeur ajoutée. La formule ne fonctionne hélas plus aujourd’hui, avec l’évolution des débits des crues exceptionnelles, qui augmentent suite à l’urbanisation du territoire, ainsi qu’aux changements climatiques dont les premiers effets sont déjà visibles. Notre projet d’un nouveau scénario pour la Venoge aspire à proposer une forme de négociation temporelle.
Nous arrivons au principe de négociation et aux dimensions spatio-temporelles. Pour libérer il faut deux choses : à la fois retirer les protections puis, les situations de négociations. Par là nous entendons, la négociation de son propre espace par rapport à la phénoménalité de l’eau.
C’est un niveau où les notions de temporalités entrent en jeu. C'est-à-dire, la négociation dans l’espace et dans le temps. Nous avons deux temporalités prédominantes dans le projet en deux temps : selon une temporalité longue puis courte. On ne se concentre pas sur le minimum ou maximum, mais les fréquences à laquelle les courbes sont régulées ou non régulées. Alors, quelles sont les formes de négociation que l’on propose ? Quel est le gradient, les critères, le système de pensée de ces négociations ?
La stratégie territoriale s’aborde par la déconcentration des flux problématiques, noeux et hub de flux au milieu de l’eau, et donner de l’espace à l’eau en appliquant des outils qui ne sont pas liés à la sécurisation. Ainsi, la rivière n’a plus tant cette importance ni cet usage, elle a perdu cette définition propre d’objet d’échanges, elle est devenue symbolique. Nous partons du principe selon lequel pour lutter contre les inondations il faut inonder mais à bon escient, donc, comme adaptation au scénario, pour cela, nous décidons de réduire le flux naturellement, et le redistribuer non pas par des artifices de sécurisation, mais par la nature elle-même, comme des méandres, champs d'expansion ou prairies versantes, elles même capables de réguler le flux des inondations. Cela signifie que pour protéger les villes, il ne suffit plus d’élever des digues le long des quais, mais qu’il est préférable par exemple de laisser se développer des champs d’expansion de crues de préférence dans les plaines agricoles le plus en amont de la ville.
0-30 ans
30-50 ans
+100 ans
Scénarios
adaptatifs
Pour des raisons de libération de la rivière, nous avons décidé notamment de déplacer l'arrêt de la gare et des rails en hauteur, pour éviter l’altération des flux, trop imprévisibles. Ce déplacement se fait dans une réponse longue au scénario, qui viendra comme réhabilitation des rails de par leur usage et de l’industrie. Les champs d’expansion, des prairies de versants en amont et des zones de reboisement font également partie de la réponse d'adaptation au scénario.
Donc, on en arrive à repenser la ville sensible comme bien commun, revenir à l’échelle locale, réintégrer la végétation et l’eau, impliquer les citoyens et co-élaborer. Ainsi, répondre aux singularités de la Venoge, en pensant une ville à plusieurs niveaux, sans pour autant contraindre la Venoge dans sa définition lors de ses singularités.
Nous nous intéressons aux éléments de protection. Le but étant de laisser l'usure naturelle se faire.
Les protections présentées précédemment sont retirées, la Venoge peut alors s'étendre tout au long de son amplitude.
Les programmes doivent s'adapter en fonction des structures qui existent. La culture doit s'adapter à la phénoménologie de l'eau.
Nous nous intéressons aux éléments de protection. Le but étant de laisser l'usure naturelle se faire.
Nous définirons trois lois techniques ou «trois premiers matériaux de l’urbanisme» pour comprendre comment négocier avec l’eau, où les ‘conditions de nature’ y sont respectées. Par ‘conditions de nature’, on entend la présence, dans une proportion suffisante, de certains éléments indispensables aux êtres vivants : soleil, espace, verdure. Une extension incontrôlée a privé les villes de ces nourritures fondamentales, d’ordre aussi bien psychologique que physiologique. La Venoge a des singularités, pas forcément de définition propre. L’individu qui perd contact avec la nature en est diminué et paie cher, par la maladie et la déchéance, une rupture qui affaiblit son corps et ruine sa sensibilité corrompue par les joies de la ville. Une double injustice : l’industrialisation forte d’une part, donc l’expansion de l’industrialisation dans un but de création de flux, déséquilibre le rapport industrie-nature.
Repenser la ville sensible comme bien commun, revenir à l’échelle locale, réintégrer la végétation et l’eau, impliquer les citoyens et co-élaborer, sont les éléments qui animent cette dernière phase de réflexion. L’importance de traiter dans une économie raisonnée à la fois de l’eau, du sol et du végétal, amène à rediscuter certaines pratiques.
La porosité du sol est une première interrogation que soulève la problématique de l’inondation en milieu urbain.
Il s'agit de stratégies de considération de l’amont et de l’aval. Une agriculture temporairement inondable permettrait de réduire la crue à l'endroit de Cossonay, espace de déversement.
S’il y a une inaction ou pollution en amont, une stratégie d'amendement pourrait voir le jour. Il s’agit de restreindre au niveau foncier, social et législatif le lien amont-aval que crée l’eau.
La porosité du sol est une première interrogation que soulève la problématique de l’inondation en milieu urbain.